Surnommé « la maison des siècles » par Napoléon Ier, le château de Fontainebleau n’est pas seulement un palais magnifique, c’est également un lieu chargé d’Histoire de par les évènements qui s’y sont déroulés au fil des siècles. Voici son histoire :
De château médiéval à palais de la Renaissance
Initialement, se dressait une forteresse édifiée par les capétiens au XIIème siècle. Si on ne connaît pas sa date exacte de construction, on sait néanmoins que Philippe le Bel y est né en 1268 et mort en 1314 en raison d’une chute de cheval. Deux siècles plus tard, suite à son retour de Madrid où il était retenu prisonnier par Charles Quint (l’empereur du Saint-Empire), François Ier fut attiré par les 17 000 hectares de forêts qui lui permettaient d’exercer pleinement sa grande passion : la chasse. Le roi ordonna alors la destruction du château fort – où du moins ce qu’il en restait – à l’exception du donjon central et fit bâtir un nouveau palais pour lequel il embaucha les maîtres italiens Rosso Fiorentino et le Primatice. Représentant le courant maniériste*, les deux hommes vont lancer ce qui sera appelé plus tard la première école de Fontainebleau. Ils réaliseront notamment la décoration de la galerie François Ier.
Les deux hommes ne seront néanmoins pas les seuls à participer à ce chantier colossal, nombre de tailleurs, peintres verriers, émailleurs et autres jardiniers étant nécessaire pour satisfaire l’ambition du roi de France. Parmi les autres artistes ayant travaillé sur le chantier, on note notamment la présence de Nicolo dell’Abbate qui réalisera avec le Primatice la salle de bal et aidera ce-dernier à concevoir la galerie d’Ulysse. Le faste du château impressionnera Charles Quint lors de sa visite en décembre 1539, mais cette visite ne suffira pas à apaiser totalement la rancœur de l’empereur vis-à-vis du roi de France. Ainsi, quelques semaines plus tard, Charles donnera le duché du milanais, convoité par François Ier, à son fils Philippe.
* Maniérisme : courant artistique inspiré de l’antiquité mettant l’accent sur le mouvement
Des guerres de Religion à la Révolution française
Toujours inachevé au moment des guerres de Religion, les troubles dans le pays vont ralentir l’avancée des travaux. Henri II redécorera toutefois la salle de bal mais c’est bien sous le règne d’Henri IV que le palais va véritablement devenir une résidence royale. Pour cela, le souverain va lancer de grands travaux avec notamment le rajout de différentes ailes et le remodelage du jardin. Sous Louis XIII, qui préfère un certain pavillon de chasse à Versailles*, les travaux vont se poursuivre avec notamment l’achèvement de l’escalier en fer à cheval de la cour du Cheval-Blanc. En dehors de quelques aménagement exigé par Louis XIV pour sa favorite, Madame de Maintenon, il faudra attendre le règne de Louis XV pour que de nouveaux travaux d’ampleur soient réalisés avec la destruction de la galerie d’Ulysse remplacée par une aile Louis XV possédant plusieurs petits appartements destinés à la famille royale. Enfin, alors que la France est en pleine période révolutionnaire, le château sera relativement épargné, seul le mobilier étant vidé.
Néanmoins, au-delà des travaux et embellissements, Fontainebleau va également être le lieu d’évènements tragiques. Ainsi, le 10 novembre 1657, Christine de Suède, ex-souveraine en exil persuadée de la trahison de son écuyer, le fait assassiner dans la galerie des Cerfs. Dans un registre plus politique, le 18 octobre 1685, Louis XIV fait révoquer l’édit de Nantes qui permettait aux protestants de d’exercer librement leur culte.
* Le noyau du futur château de Versailles
De l’Empire à nos jours
Durant la période du premier Empire, le château sera, entre deux campagnes militaires, l’une des résidences de prédilection de l’Empereur qui le redécorera du sol au plafond. Napoléon imposera au pape Pie VII un séjour forcé à Fontainebleau, mais l’image de l’Empereur dans ce château est avant tout rattaché à la date du 6 avril 1814. Ce jour-là, sous la pression de ses propres maréchaux, Napoléon accepte d’abdiquer. Quelques jours plus tard, le 20 avril, il fait ses adieux à la vieille Garde dans la cour du Cheval-Blanc.
Alors que l’état du château se dégrade durant la Restauration, Louis-Philippe va lancer une restauration générale de l’édifice. Cet important chantier ne sera achevé que sous le Second Empire. Durant cette période, l’impératrice Eugénie s’attachera particulièrement au salon chinois, enrichi par de nombreux objets provenant du sac du palais d’été en 1860. Par la suite, le château servira de lieu de réception pour des hôtes de marque et sera classé aux monuments historiques en 1913.
Enfin, le 10 juin 1986, un musée dédié à Napoléon est inauguré dans l’aile Louis XV. Les objets présentés proviennent notamment des descendants de Jérôme Bonaparte, frère de l’empereur et roi de Westphalie (j’ai fait une petite vidéo sur Jérôme que vous retrouverez ici : https://www.youtube.com/watch?v=mCrq30nC2fI).
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