Si la France n’a jamais été auto-suffisante en charbon, de nombreuses mines ont été exploitées sur le territoire national. Parmi les régions charbonnières les plus importantes de France, on trouve évidemment le Nord mais également la Lorraine. D’ailleurs, on trouve encore aujourd’hui une trace de cet héritage charbonnier à la Petite Rosselle au sein du Parc Explor Wendel.
La découverte et le développement d’une industrie
Suite au traité de Vienne (1815), la France perd la Sarre qu’elle avait annexé en 1792 et dont les ressources charbonnières étaient déjà connues. Il faut donc trouver de nouveaux gisements et en 1817, MM. Duhamel (inspecteur général des mines) et Gargan (ingénieur royal des mines) parviennent à trouver une veine de charbon à près de 65 mètres de profondeur sur le territoire de la commune de Schoeneck. Dès 1818, le fonçage (creusement) du premier puits commence mais la gestion du puits de Schœneck s’avérera très difficile. En effet, en raison de la nature du sol (forte présence de grès), il faudra près de 10 ans pour arriver à la veine de charbon et en 1840, la société des houillères de Schoenecken est finalement dissoute.
En 1846, sous l’impulsion de Charles de Wendel qui a fondé la Compagnie des Houillères de Stiring, la production de charbon s’industrialise, notamment grâce au fonçage du puits Saint-Charles en 1854 à la Petite-Rosselle. Dans la foulée, d’autres sociétés se lancent dans l’aventure du charbon lorrain comme par exemple à Carling en 1857 ou à Falck en 1859. Néanmoins, suite à la défaite française lors de la guerre de 1870-71, la Moselle devient allemande et de nombreuses concessions vont se regrouper afin de former trois puissantes sociétés : la Saar und Mosel Bergwerks-Gesellschafts, la Bergwerks Aktien Gesellschaft La Houve et les Houillères de Petite-Rosselle. De nouvelles méthodes et la construction de nouveaux puits vont alors permettre d’augmenter considérablement la production de charbon qui atteindra 3 800 000 tonnes en 1913.
Grâce à sa victoire lors de la première guerre mondiale, la France récupère l’Alsace et la Moselle mais la période de l’entre-deux-guerres est marquée par plusieurs accidents meurtriers (Saint-Avold en 1919, Freyming-Merlebach en 1925 puis 1933 et Petite-Rosselle en 1929 puis 1937) et de nombreuses grèves. Après la défaite de 1940, la Moselle repasse sous contrôle allemand et les mines de charbon seront la cible de nombreux sabotages et dégradations avant la libération de 1944-45.
L’après-guerre , le déclin puis la reconversion
Dans la foulée de la libération, la bataille du charbon est lancée sur l’ensemble du territoire national avec le soutien du général de Gaulle et du secrétaire général du PCF, Maurice Thorez, qui lance un appel aux mineurs à Waziers (Nord de la France)*. En 1946, une loi de nationalisation permet la création de Charbonnages de France et de neuf Houillères de Bassin dont les Houillères du Bassin de Lorraine (HBL). De plus, un décret du 14 juin 1946 créé un statut à part entière pour les mineurs afin de « compenser autant que possible la pénibilité et la dangerosité du métier ».
D’importants travaux de modernisation sont alors engagés afin d’améliorer le rendement des puits et des milliers de travailleurs, parfois étrangers (principalement polonais, italiens et maghrébins) immigrent en Lorraine afin de travailler dans les mines. Le début de la construction européenne grâce à la CECA (Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier dont la création remonte à 1951) va également faire du charbon l’un des piliers de l’industrie française. Ces différents éléments permettront d’atteindre un pic de production pour le charbon lorrain en 1964 (15,6 millions de tonnes**).
Cependant, la concurrence du charbon étranger, mois cher, et la montée en puissance du pétrole, puis du nucléaire va progressivement remettre en cause la place prédominante du charbon en France. Une dernière tentative de relance de l’industrie charbonnière est tentée au début des années 1980 et se conclut en 1994 par la signature du Pacte Charbonnier entre l’Etat et les syndicats. La fin de l’exploitation des puits de charbon français est alors prévu pour 2005. Dès la fin des années 1990, la fermeture des sites s’accélère alors que la production française est encore importante :
– En 1997, l’exploitation du siège Simon à Forbach se termine
– En 2003, c’est le tour du siège de Merlebach
– En 2004, c’est la fin pour la dernière mine française en activité à La Houve.
* « Produire, c’est aujourd’hui la forme la plus élevée du devoir de classe, du devoir des Français. Hier, notre arme était le sabotage, l’action armée contre l’ennemi, aujourd’hui, l’arme, c’est la production pour faire échec aux plans de la réaction. » – Maurice Thorez le 21 juillet 1945 à Waziers
** « Le Gaz de charbon en Lorraine » de Yann Gunsburger
Si cet article vous a donné envie d’en savoir davantage sur le quotidien des mineurs, n’hésitez pas à vous rendre sur le site officiel du le Parc Explor Wendel pour préparer votre visite dans ce très beau musée :
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– d’autres sites issus du patrimoine industriel : le chevalement de Folschviller, le puits Simon 3 de Forbach, le puits Sainte-Marthe de Stiring-Wendel