L’abbaye de Royaumont où l’héritage de Saint-Louis dans le Val d’Oise

Abbaye de Royaumont

Situé à une trentaine de kilomètres au nord de Paris, cet ancien monastère cistercien, classé monument historique en 1927, accueille depuis 1964 la Fondation Royaumont pour le progrès des sciences de l’homme qui gère actuellement le site. Cette magnifique abbaye qui connut une histoire mouvementée, notamment après la Révolution, fut fondée en 1228 à l’initiative de Louis IX, le futur Saint-Louis. Voici son histoire :

La genèse du projet

Alors que Louis VIII avait prévu un budget important pour l’édification d’une abbaye dédiée à Saint-Victor, le roi meurt le 8 novembre 1226. C’est alors son fils, Louis IX, qui accède au trône de France. Cependant, le nouveau roi n’a alors que 12 ans et est placé sous la tutelle de sa mère, Blanche de Castille, qui exerce la régence. Le jeune roi et sa mère souhaite initialement respecter la volonté du défunt, mais en 1227, Louis assiste à la consécration de l’église cistercienne de Longpont et est impressionné par les dimensions de la nef et du chœur de l’édifice.

D’un autre côté, si Louis VIII était attaché à l’ordre de Saint-Victor, Louis IX a un attachement plus profond pour l’ordre de Saint-Bernard (où ordre cistercien*). Le nouveau roi réussira à trouver un accord avec l’abbé de Saint-Victor à Paris et décide d’utiliser le budget prévu par son père pour construire un monastère cistercien.

Dans la charte de fondation promulguée en 1228, il est décidé que le site sera placé à proximité du château d’Asnières-sur-Oise et non loin d’une rivière appelé la Lys. Ce lieu isolé correspond parfaitement aux attentes des cisterciens qui souhaitent vivre à l’écart du monde, et dès 1227, les premiers moines viennent s’installer dans l’abbaye encore en construction.

* ordre monastique de droit pontifical dont l’origine remonte à la fondation de l’abbaye de Citeaux en 1098

Un chantier rondement mené

Fidèle à la maxime de Saint-Benoît, « les frères doivent s’occuper à certains moments par du travail manuel », l’ordre cistercien encourage le travail manuel de ces membres. Cet état d’esprit explique le succès économique de l’ordre dont les membres vont développer un grand savoir-faire dans des domaines tels que les travaux de drainage où la construction. Ainsi, sans surprise, les moines vont activement contribuer à la construction de l’abbaye. Cependant, un autre acteur inattendu va leur prêter main-forte : le roi de France en personne. En effet, d’après Guillaume de Saint-Pathus, futur confesseur du roi, Louis IX participait aux travaux lors de ses visites sur le chantier en aidant à porter les lourdes pierres nécessaires à l’édification de l’abbaye tout en encourageant les ouvriers dans leurs efforts.

Néanmoins, au-delà de cette anecdote, la construction de Royaumont aura un coût non négligeable sur les finances du roi puisqu’on estime à cent mille livres* le montant nécessaire pour l’édification et l’aménagement de l’abbaye. Ces moyens importants feront que les travaux seront terminés dès 1235 et le 19 octobre, le monastère est consacré en présence du roi, de sa mère et d’une foule d’ecclésiastiques et de laïcs. C’est Jean, archevêque de Mytilène, qui prononcera les paroles rituelles et dédiera le lieu à la Sainte-Croix, à Notre-Dame et à tous les saints. Le roi, de son côté, fera preuve d’une grande générosité en allouant une rente annuelle de cinq cents livres à l’abbaye et en faisant don à l’église de plusieurs reliques de grande valeur dont notamment un morceau de la Vraie Croix et un fragment de la couronne d’épines du Christ.

Durant les années suivront, Saint-Louis gardera un lien particulier avec Royaumont et y séjournera fréquemment. Durant ses séjours, il partagera la vie liturgique des moines et rendra visite aux malades soigné dans la grande infirmerie de l’abbaye. De plus, suite à la mort de son frère, Philippe-Dagobert, le roi décidera de faire inhumer ses enfants morts en bas âge à Royaumont. Enfin, lorsqu’il mourra en 1270, le roi lèguera un tiers de sa bibliothèque royale à l’abbaye, en faisant ainsi l’une des mieux pourvues du royaume.

* Les conversions d’anciennes monnaies sont toujours très approximatives, mais cela représenterait environ 45 millions d’euros

De la mort de Saint-Louis à nos jours

Royaumont restera riche et vivant dans les années qui suivront la mort de Saint-Louis. Néanmoins, les conflits et affrontements de la guerre de Cent Ans vont durablement affaiblir l’abbaye. Cet affaiblissement se poursuivra avec la signature du concordat de Bologne en 1549 puisqu’à partir de cette date, c’est le roi de France qui nommera l’abbé dirigeant Royaumont. Si le XVIIème siècle permettra à l’abbaye de retrouver une nouvelle énergie, la Révolution de 1789 va porter un coup d’arrêt à l’activité religieuse. Sous l’impulsion du marquis de Travanet, l’église abbatiale est détruite et le site devient une filature de coton. En 1815, c’est un industriel belge, Joseph Van der Mersch, qui rachète l’abbaye et en fait une blanchisserie. Le site retrouvera temporairement une vocation religieuse en 1864 par l’intermédiaire de la congrégation des Oblats de Marie-Immaculée avant d’être racheté en 1899 par Jules Goüin. Plusieurs dizaines d’années plus tard en 1964, c’est Henry et Isabel Goüin qui créeront la Fondation Royaumont qui gère aujourd’hui le site.

Vous savez tout sur cette magnifique abbaye située à moins d’une heure de Paris (depuis gare du nord avec la possibilité de réserver une navette qui viendra vous chercher à la gare de Luzarches). Si vous souhaitez le visiter, n’hésitez pas à vous renseigner sur les liens ci-dessous et si cet article vous a plu, n’hésitez pas à réagir et à le partager sur les réseaux.

https://www.royaumont.com/preparer-sa-visite/infos-pratiques/

https://www.royaumont.com/avec-ses-navettes-gratuites-royaumont-est-a-moins-dune-heure-de-paris/