Le milieu du XVIIIᵉ siècle est une période de changements profonds pour les colonies britanniques d’Amérique du Nord, où les idées des Lumières, qui mettent l’accent sur la raison, les droits individuels et la liberté, se répandent rapidement. Cependant, la menace représentée par la France et l’Espagne pousse les colonies à rester fidèles à la Couronne britannique. Toutefois, ces menaces disparaissent en 1763 avec le Traité de Paris, qui met fin à la Guerre de Sept Ans. Les colons, influencés par ces idées, commencent alors à remettre en question l’autorité de la Grande-Bretagne et à revendiquer davantage d’autonomie.
Lutte pour l’indépendance et naissance d’une nation
En 1763, le roi d’Angleterre, George III, publie sa Proclamation royale, qui vise à organiser le nouvel empire nord-américain. Les tensions vont alors rapidement monter entre les colons et la Couronne en raison d’une série de taxes imposées par le Parlement britannique par le biais de plusieurs textes : le Sugar Act en 1764, le Stamp Act en 1765, les Townshend Acts en 1767 et enfin le Tea Act en 1773. C’en est trop pour les colons, qui refusent de payer. La mort de cinq civils à Boston en 1770, puis la Boston Tea Party de 1773, cristallisent encore plus les tensions, mais l’affrontement vient finalement de l’État du Massachusetts, où vont se jouer les premières batailles de la guerre d’indépendance : Lexington et Concord en 1775.
Le 4 juillet de l’année suivante, à Philadelphie, réunis au sein du Congrès Continental, les colons décident de franchir une étape décisive en déclarant leur indépendance sous le nom d’« États-Unis d’Amérique ». C’est le futur président américain, Thomas Jefferson, qui est chargé de rédiger la Déclaration d’Indépendance, laquelle proclame que « tous les hommes sont créés égaux » et que le gouvernement doit garantir les droits inaliénables des citoyens. Ce document marque le début officiel du conflit avec la Grande-Bretagne et sert de fondement idéologique à la jeune nation. Les colonies, qui doivent lutter contre la puissante armée britannique, se dotent alors d’un premier gouvernement central afin de structurer le nouveau pays et lever les impôts nécessaires à la guerre.
La construction d’un gouvernement fédéral
Le 3 septembre 1783, un nouveau Traité de Paris signe la fin de la guerre. Cependant, un premier texte adopté en 1781, appelé Articles de la Confédération, se révèle insuffisant pour organiser efficacement le pays. En effet, les États, lourdement endettés par la guerre, sont également jaloux de leurs prérogatives législatives. Ils considèrent que leurs textes sont supérieurs aux Articles de la Confédération, dont le moindre changement nécessite l’accord de tous les États. Cette autonomie presque totale et les tensions entre États rendant toute coordination presque impossible, la Convention d’Annapolis, réunie en septembre 1786, prévoit une nouvelle assemblée pour 1787 : ce sera la Convention constitutionnelle de Philadelphie.
Pour l’occasion, George Washington est élu président de la convention, qui réunit finalement 55 délégués représentant 12 États. C’est James Madison, de l’État de Virginie, qui jouera un rôle essentiel dans la rédaction de ce texte fondateur, ce qui lui vaudra d’être considéré comme le « père de la Constitution ». Le nouveau texte établit un système de gouvernement fédéral, avec une séparation des pouvoirs entre les branches législative, exécutive et judiciaire, inspirée des théories de Montesquieu et de Rousseau, afin d’éviter toute dérive autoritaire du pouvoir. Ce texte, finalement ratifié par tous les États en 1790, marque une étape décisive dans la formation d’un gouvernement centralisé capable de maintenir l’unité nationale.
La protection des droits individuels
Toutefois, la ratification de la Constitution suscite des craintes parmi certains États et citoyens, qui redoutent un gouvernement fédéral trop puissant. Pour apaiser ces inquiétudes, James Madison propose douze amendements destinés à protéger les libertés fondamentales des citoyens. Dix de ces amendements, inspirés par la Déclaration des droits anglaise de 1689 et par les idéaux philosophiques de Voltaire et Rousseau, sont finalement ratifiés en 1791 : c’est la naissance de la Déclaration des Droits (Bill of Rights).
Ce texte, composé des dix premiers amendements à la Constitution, garantit les libertés fondamentales telles que la liberté d’expression, la liberté de la presse, le droit à un procès équitable et la protection contre les abus du pouvoir. Il répond ainsi aux préoccupations des Anti-Fédéralistes et consolide la légitimité de la Constitution en protégeant les droits individuels contre toute dérive autoritaire.
Héritage et influence
La Déclaration d’Indépendance, la Constitution et la Déclaration des Droits sont intrinsèquement liées et ont façonné les États-Unis tels que nous les connaissons aujourd’hui. Alors que la Déclaration d’Indépendance a posé les principes fondamentaux de liberté et d’égalité, la Constitution a mis en place un cadre institutionnel solide et durable. Enfin, la Déclaration des Droits a veillé à ce que les citoyens conservent leurs libertés face à l’État.
Ces textes fondateurs des États-Unis ont façonné l’identité américaine et continuent de jouer un rôle essentiel dans la vie politique et juridique du pays. Leur influence dépasse d’ailleurs les frontières américaines, puisque de nombreuses démocraties modernes se sont inspirées de ces textes, qui demeurent des références incontournables dans les débats sur la gouvernance et l’équilibre des pouvoirs.
Vous en savez désormais un peu plus sur l’histoire de ces textes, qui sont à la base du système politique américain et dont un exemplaire de chaque document est exposé aux Archives nationales à Washington, D.C.. Si cet article vous a plu, n’hésitez pas à réagir et à le partager sur les réseaux.