La bataille du Trocadéro : premier succès militaire de la France post-napoléonienne

Trocadero

Vous connaissez sans doute la place du Trocadéro à Paris. Située dans le 16ème arrondissement, elle doit son origine à Napoléon III et se trouve dans l’alignement de l’un des monuments les plus emblématiques de la capitale : la Tour Eiffel. Pourtant la bataille qui a donnée son nom à cette place est peu connue, retour sur les évènements qui ont menés à cet affrontement et sur l’impact de cette bataille.

Les Bourbons de retour au pouvoir

Suite au désastre de la campagne de Russie, l’Europe entière se coalise contre la France napoléonienne en 1813. Alors que Napoléon abdique définitivement en 1815, un congrès se tient à Vienne afin de déterminer les nouvelles frontières et établir un équilibre pacifique en Europe après 25 années de conflits. Suite à ces discussions, un accord est conclu entre la Russie, la Prusse et l’Autriche le 26 septembre. Ils sont rejoints par le Royaume-Uni le 20 novembre de la même année formant ainsi la Quadruple-Alliance. Elle devient même Quintuple en 1818 lorsque la France, bien que surveillée par ses voisins, rejoint l’accord, toujours dans le but de garantir un équilibre européen.

De son côté, l’Espagne a du mal à se remettre de l’occupation française. Alors que Napoléon avait installé son frère ainé Joseph comme roi d’Espagne, ce dernier avait du fuir le pays en 1813 sous la pression des troupes britanniques du duc de Wellington. Lorsque Ferdinand VII revient en Espagne, il tente d’imposer le retour d’un absolutisme royal. Le roi est toutefois contraint d’accepter une constitution par les libéraux espagnols menés par Rafael del Riego qui devait initialement mener une expédition contre les colonies d’Amérique du Sud qui s’étaient révoltées.

L’intervention française

Ferdinand VII, forcé de reconnaître cette constitution libérale, lance un appel à la Quintuple-Alliance dont les membres sont réunis au Congrès de Vérone en octobre 1822. Alors que l’Autriche propose d’envoyer une “note formelle” au gouvernement espagnol afin qu’il modère ses positions, la France et la Russie souhaitent plutôt l’envoi de troupes afin de rétablir le roi d’Espagne dans ses pleins pouvoirs. Des notes diplomatiques sont toutefois envoyées en 1821 et 1822 mais sont rejetées par le gouvernement libéral. La Quintuple-Alliance autorise alors la France à intervenir militairement et, le 7 avril 1823, un corps expéditionnaire mené par le duc d’Angoulême, fils du futur Charles X de France, franchit les Pyrénées et entre en Espagne. 

Les troupes françaises sont bien accueillies au Pays basque, en Navarre et en Catalogne à l’exception des villes de Pampelune et Saint-Sébastien qui doivent être assiégées. Malgré tout, l’armée du duc d’Angoulême avance rapidement et oblige le gouvernement libéral à déménager de Madrid à Séville le 23 mai 1823 emmenant avec lui le roi Ferdinand VII en otage. Une régence est alors installée à Madrid par les français en attendant le retour du roi Ferdinand.

La bataille et ses conséquences politiques

Alors que l’armée française, commandée par de nombreux anciens généraux de Napoléon, multiplie les succès, le moment décisif de la campagne va se jouer en Andalousie où Cadix est devenue la capitale politique des libéraux. Soucieux de s’en emparer et de libérer le roi, les français assiègent la presqu’île fortifiée du Trocadéro où les insurgés disposent de 1700 hommes et 50 canons. Le 31 août, profitant de la marée basse, les Français lancent une attaque surprise à la baïonnette depuis la côte et s’emparent du fort. Les insurgés, piégés et surpris n’ont même pas le temps de s’enfuir et près de 1000 soldats espagnols sont contraints de se rendre.

Cependant, Cadix tient toujours, et, alors que la ville est bombardée durant trois semaines, le duc d’Angoulême se décide à bombarder le fort Santi-Petri grâce à une action combinée de son artillerie, de la marine française et des canons du fort du Trocadero. Santi-Pedri se rend le 20 septembre et le 23, le chambellan de Ferdinand VII, le duc de Valmediana, rencontre le duc d’Angoulême pour l’informer que Ferdinand a été libéré et le 30, Cadix capitule officiellement. 

Contrairement aux engagements qu’il avait pris peu avant sa libération et malgré les mises en garde du roi de France et du Tsar de Russie, le roi rétablit un régime absolutiste dès son retour au pouvoir et se lance dans une féroce répression à l’encontre des libéraux espagnols. Les dix années qui suivirent sont connues sont le nom de Década Ominosa (décennie abominable) et s’achevèrent par la mort de Ferdinand VII en 1833. 

Vous savez désormais d’où vient le nom de Trocadéro pour la célèbre place parisienne. Si l’article vous a plu, n’hésitez pas à réagir et à le partager sur les réseaux.