Depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, deux blocs s’affrontent et sont menés par deux superpuissances : les Etats-Unis et l’Union Soviétique. Si côté occidental, les américains se portent plutôt bien, malgré les crises économiques et les chocs pétroliers, l’URSS en revanche ressemble de plus en plus à un colosse aux pieds d’argile. Une situation qui ne va pas échapper à un certain décideur soviétique qui tentera de sauver le régime communiste : Mikhaïl Gorbatchev.
Une économie en crise
Depuis la mort de Staline en 1953, plusieurs réformes ont été tentées pour libérer l’économie soviétique. Néanmoins, la gestion centralisatrice et bureaucratique du système n’est pas remise en cause. Les grandes orientations sont décidées par le “Gosplan” et les mises en œuvre par le “Gossnab”. Pourtant, cette planification n’a jamais été en mesure d’assurer un ajustement efficace entre l’offre et la demande ce qui aboutira à de nombreuses pénuries, notamment dans les commerces de détail.
Toutefois, un autre problème va se rajouter à ces difficultés d’approvisionnements : les évolutions technologiques. En effet, en donnant la priorité au complexe militaro-industriel, l’URSS avait réussi à obtenir d’importants succès initiaux, notamment dans le domaine de la conquête spatiale. Cependant, s’il est possible de planifier la production de charbon cinq ans à l’avance, on ne peut pas planifier les avancées technologiques. Ainsi, malgré l’informatisation de la planification, la lourdeur du système soviétique ne fait qu’accentuer le retard accumulé par l’URSS dans divers domaines, comme par exemple l’électronique.
Enfin, un autre aspect majeur impacte négativement la performance de l’économie : la démotivation des travailleurs. Derrière le mythe de Stackhanov véhiculé par la propagande, les ouvriers des usines n’ont que faire des tableaux d’honneur et autres récompenses proposées par le régime. Quelques années plus tôt, l’économiste soviétique, Evseï Liberman, avait bien proposé de mettre en avant des avantages matériels en fonction de la performance des travailleurs, mais cette proposition avait été assez peu appliquée par la nomenklatura soviétique réticente à toute réforme. De plus, la pénurie dans les magasins rendaient cette idée peu pertinente. En effet, à quoi bon gagner plus d’argent si on ne peut rien acheter de plus…
Ainsi, ces carences de gestion et de main d’œuvre seront telles que l’absentéisme et l’alcoolisme feront des ravages dans les rangs des travailleurs alors que la productivité soviétique sera deux fois inférieure à celle des pays capitalistes.
Les réformes de Gorbatchev
Le 10 novembre 1982, Leonid Brejnev meurt après 18 ans de règne. Iouri Andropov puis Konstantin Tchernenko lui succèderont brièvement, mais le 10 mars 1985, l’URSS a un nouveau dirigeant : Mikhaïl Gorbatchev. Bien plus jeune que ses prédécesseurs, le nouveau leader soviétique est conscient des lacunes de l’économie de son pays et engage une importante réforme du système connue sous le nom de perestroïka (littéralement : restructuration) en s’inspirant des travaux de l’économiste soviétique Abel Aganbegian.
Les entreprises privées sont alors autorisées dans certains secteurs (artisanat, commerce et services) et la création de coopératives et de sociétés mixtes (soviétiques et occidentales) est encouragée. De plus, la loi du 30 juin 1987 permet aux entreprises d’État d’obtenir une certaine autonomie même si le Gosplan est conservé. En parallèle, le système bancaire est lui aussi réformé puisque la banque d’Etat, la Gosbank, perd son monopole. Dès lors, des banques publiques spécialisées voire même des banques privées sont créées et peuvent désormais financer les activités commerciales. Enfin, en 1989, les entreprises sont autorisées à traiter directement avec des partenaires à l’étranger. Dans les deux années qui suivent, les réformes sont encore menées dans le but de libérer les prix et l’activité économique mais un écueil imprévu va faire son apparition : une inflation forte et brutale.
Les causes de l’échec
Comme souvent, les causes de l’échec d’une telle réforme sont multiples. Ainsi, l’administration centrale du Gosplan a tout fait pour étouffer la réforme de l’entreprise d’Etat alors que la logique de planification n’a pas été complètement supprimée. Ces deux facteurs vont contribuer à désorganiser un système à bout de souffle alors que les réformes de Gorbatchev n’ont pas eu la profondeur nécessaire pour recréer un système pérenne et cohérent. En effet, toutes ses réformes menées depuis 1985 sont partielles et l’économie soviétique, profondément subventionnée par l’Etat, n’est toujours pas une économie de marché.
En outre, la toute-puissance du parti communiste et du KGB n’est pas remise en cause, ce qui empêche l’émergence d’un état de droit nécessaire au bon fonctionnement d’une économie libérale. De son coté, la nomenklatura, quand elle ne bloque pas les réformes, va en profiter pour les détourner à son avantage alors que la majorité de la population est victime d’une inflation galopante. Le cas le plus connu d’anciens cadres soviétiques qui bénéficieront des privatisations est celui des oligarques, ces anciens dignitaires soviétiques qui prendront le contrôle entreprises privatisées et amasseront des fortunes colossales dans les années qui suivront la chute de l’URSS.
Enfin, un dernier facteur va s’ajouter aux difficultés économiques : la Glasnost. En effet, cette politique de transparence que Gorbatchev avait mené en parallèle de la Perestroïka va engendrer un réveil des oppositions. Le leader soviétique va alors devoir jongler entre les conservateurs tel qu’Egor Ligatchev et les réformateurs menés par Boris Eltsine. D’un autre côté, les populations non-russes de l’Union vont également se réveiller et certaines républiques feront sécession. Cette crise politique qui vient s‘ajouter au chaos économique entraînera une tentative de coup d’État raté de la part des conservateurs qui échouera suite à l’absence de soutien populaire et à l’action d’Eltsine. Finalement, le 25 décembre 1991, Gorbatchev démissionne de son poste, actant de fait la fin de l’Union Soviétique.
Voilà pour les grandes lignes de cette tentative de réforme d’une économie soviétique à bout de souffle mais qui aura finalement porté un coup fatal à un système qui n’a jamais su se réformer au contraire de son homologue chinois. Si vous avez aimé cet article, n’hésitez pas à le partager sur les réseaux !