Si le Palais du Parlement de Bretagne est un magnifique édifice classique, ce bâtiment a également accueilli diverses institutions dont les pouvoirs s’étendaient à différents niveaux : judiciaire, administratif et législatif. Néanmoins, pour comprendre l’origine de ce symbole de l’identité bretonne, il nous faut revenir quelques siècles plus tôt.
La genèse du Parlement
Le 13 août 1532, l’édit d’Union entre le duché de Bretagne et le Royaume de France est promulgué à Nantes. Ce traité met fin à la quasi-indépendance dont jouissait le duché jusque-là. Toutefois, en vertu de l’édit, le parlement de Bretagne conserve un certain nombre de pouvoir concernant les affaires judiciaires civiles et religieuses. Néanmoins, ce parlement ne possède pas de bâtiment propre et se réunit dans trois villes distinctes : Rennes, Nantes et Vannes.
Cependant, et alors que les guerres de religion font rage dans le royaume, Henri II accepte en 1554 de créer un édifice permanent qui accueillera le parlement de Bretagne. Les problèmes financiers et politiques retarderont finalement le projet jusqu’au règne d’Henri IV. Ce-dernier choisira d’installer le parlement à Rennes qui l’avait soutenu dans sa lutte pour le trône au contraire de Nantes, ville qui avait suivi la Ligue catholique*. Malheureusement, l’assassinat du roi par Ravaillac retarda encore le chantier qui sera confié initialement à Germain Gaultier en 1617 avant d’être revu par Salomon de Brosse, architecte de Marie de Médicis, qui avait réalisé le palais du Luxembourg (actuel siège du Sénat). La première pierre est ainsi posée en 1618 et le bâtiment inauguré le 11 janvier 1655.
* Camp catholique durant les guerres de religion
Un bâtiment miraculé
Le palais ainsi construit est alors considéré comme une grande réussite et la marquise de Sévigné, le décrira même comme le « palais le plus beau de France ». Suite à la révolte des Bonnets rouges en 1675, les magistrats du parlement sont exilés à Vannes ce qui n’empêche pas la poursuite des travaux intérieurs. La décoration du palais est ainsi achevée en 1709 et on retrouve à l’intérieur du bâtiment des plafonds représentants des figures allégoriques de la justice peints par Charles Errard et Noël Coypel mais également des toiles de Jean Jouvenet et de Ferdinand Elle.
En 1720, un immense incendie détruit une grande partie de la ville dont la plupart des bâtiments sont construits en bois. Heureusement, le palais est épargné par les flammes. L’architecte Jacques Gabriel va alors être chargé de créer, devant le parlement, une place Royale sur laquelle trônera une statue équestre de Louis XIV qui sera détruite durant la Révolution. L’objectif est double : reconstruire la ville dans un style nouveau et mettre en valeur le bâtiment du Parlement de Bretagne.
D’un point de vue politique, le Parlement de Bretagne n’hésitera pas à s’opposer, parfois durement, à la monarchie française. Cette attitude exaspérera Louis XV qui finira par dissoudre le Parlement. Finalement, lors son avènement en 1774, Louis XVI rétablira les parlementaires. Enfin, et selon les mots de Chateaubriand, « les premières gouttes de sang que la révolution devait répandre » vont tomber à Rennes lors de la « journée des bricoles » opposant des étudiants et des nobles les 26 et 27 janvier 1789.
De la Révolution à nos jours
Bien que la ville ait été frappé par les exactions liées à la Révolution, Palais du Parlement est relativement épargné et Napoléon, une fois au pouvoir, rétablit le bâtiment dans son rôle de Tribunal d’appel impérial pour la Bretagne. Par la suite, des travaux seront entrepris sous le règne de Louis-Philippe afin d’adapter le palais à sa fonction judiciaire. Sous le règne de Napoléon III puis sous la IIIème République, le Palais connait d’importantes restaurations avant d’être classé aux monuments historiques en 1883. Enfin, de nouveaux travaux d’aménagements et de restaurations seront réalisés dans les années 1970-80.
En 1994, un nouvel évènement vient troubler l’histoire du Palais. Alors qu’une manifestation de marins-pêcheurs bretons se tient dans le centre-ville, le rassemblement dégénère et dans la nuit du 4 au 5 février, des fusées lancées accidentellement sur la toiture provoque un important incendie attisé par un fort vent d’Ouest. Il faudra attendre près de cinq ans pour que l’édifice soit reconstruit à l’identique et retrouve sa fonction de cour d’appel qu’il occupe encore aujourd’hui.
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